C’est comme ça que je me sens ce matin

Telle cette fumée, d’abord compacte et blanche, qui, chargée de chaleur sort de son conduit de cheminée, véritable cocon protecteur, qui s’échappe et, à la rencontre de l’air, sec, froid et cassant, se dissout, se laisse porter autant par fatigue que par non volonté de lutter contre les vents, se laisse s’élever et aller à la rencontre du monde… C’est comme ça que je me sens ce matin.

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Toits et fumées en hiver, New York City, 2014. © Vanessa Rousselle

Vanessa Rousselle, novembre 2014.

Texte écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture, Le temps d’écrire.

Ecrire

Starter, élément mécanique sur lequel on appuie et qui enclenche le ronronnement d’un moteur. Le moteur c’est ton coeur, ton âme, ton esprit avec lesquels tu vas dérouler une histoire, ton histoire, mêlée d’intime et d’universel. Le starter c’est « il était une fois », un ailleurs qui se passe ici et maintenant.

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Lisette

« Entre deux maux il faut choisir le moindre » disait Aristote. Lisette venait de lire cette phrase dans un magazine et cela lui avait beaucoup plu. Des maux, Lisette en avait à revendre. Surtout depuis que son mari était mort, deux ans plus tôt. Elle avait dû continuer, seule, à gérer la ferme. Alors à se dire qu’entre deux maux il fallait choisir le moindre, d’un coup Lisette s’était vu diviser ses problèmes par deux. Ça lui convenait parfaitement mais elle était bien en peine de dire lequel serait le moindre de tous. C’était la fin de l’année, Noël approchait. Elle avait connu des moments difficiles et s’en était sortie.

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Selfie, the look © Vanessa Rousselle

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Le contrat

Stan est depuis plusieurs mois à New York. Il aime cette ville, toujours en mouvement, anonyme. Une ville comme New York lui convient tout à fait. Pourtant, Stan s’inquiète. Il était resté sans le faire pendant plusieurs années. A t-il perdu la main ? Saura t-il encore s’y prendre ?

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New York, Skyline depuis Brooklyn Bridge. © Vanessa Rousselle

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Le masque


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L’Ile de Ré, aux Portes, l’impasse du rêve. © Vanessa Rousselle

Il avait l’âge de l’oubli. Il était né il y a très très longtemps. Son visage était pourtant lisse, on y trouvait aucune trace du temps. Ses traits étaient finement sculptés, ses joues légèrement polies, sa bouche épaisse, son front haut. Il semblait que son regard portait sur un point lointain à l’horizon. Son visage impassible laissait transparaître une grande sérénité et une grande sagesse. Il était fait de bois, d’un bois sombre un peu doré. Patiné par le temps, sculpté avec délicatesse et force. Il était né il y a très très longtemps, des mains d’un vieil homme qui l’avait façonné un peu à son image, un peu à l’image de son fils aussi. Il tirait sa force de ces mains, de l’arbre dans lequel il avait été taillé et des siècles qu’il avait traversé. Poursuivre la lecture

La maison que je construis…

La maison que je construis se doit d’être solide et faite de matériaux nobles.
 Les fondations sont profondes. Elles sont faites en amour. Attention, l’amour familial peut être friable. Le lien du sang humidifie les parois et peut les fragiliser. Par contre l’amitié, c’est un véritable roc. Elle est bien solide, choisie, fabriquée et bonifiée avec le temps. Elle fait des fondations fantastiques.

La maison que je construis a quatre murs. Un pour le passé et les souvenirs, un pour l’avenir, et deux pour le présent.

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Genève, échappée cycliste

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Juste avant l’orage, Rade de Genève. © Vanessa Rousselle

Huit heures. Il fait encore nuit, froid. Je m’extirpe de mon appartement pour aller de l’autre côté de la ville. Mon casque. Vais-je vraiment y aller en vélo ? Il fait encore nuit, froid. Allez, courage. De l’exercice pour se réchauffer, mettre de l’huile dans les articulations, s’emplir les poumons d’air vivifiant. Mettre les gants. T’es sûre ? En vélo ? Allez, courage. Descendre du 2ème étage, se dire qu’il fait encore plus froid dehors. Pourvu que je n’ai pas oublié les clés du cadenas, que je n’ai pas à remonter. Ah non, elles sont là, ouf. Poursuivre la lecture

Mon manteau de vie, c’est…

Une écorce brune, épaisse. Une carapace construite avec le temps. Elle est brune, un peu mousseuse, à l’image de l’écorce d’un arbre. Il y a quelques bourgeons, quelques jeunes pousses, bien vertes, qui poussent parfois. Mais elles sont rares. Cette écorce, je la porte sur mon dos, sur mes hanches, sur ma tête. Qu’elle est lourde ! Poursuivre la lecture