La maison que je construis…

La maison que je construis se doit d’être solide et faite de matériaux nobles.
 Les fondations sont profondes. Elles sont faites en amour. Attention, l’amour familial peut être friable. Le lien du sang humidifie les parois et peut les fragiliser. Par contre l’amitié, c’est un véritable roc. Elle est bien solide, choisie, fabriquée et bonifiée avec le temps. Elle fait des fondations fantastiques.

La maison que je construis a quatre murs. Un pour le passé et les souvenirs, un pour l’avenir, et deux pour le présent.

Les murs du présent sont très importants. Ce sont eux les murs porteurs. Il serait bien dangereux de se reposer sur le mur de l’avenir ou sur celui du passé. Le mur de l’avenir est plein de promesses (d’ailleurs, il est doté d’une grande baie vitrée pour y voir l’horizon) mais il est modulable. Le mur du passé et des souvenirs est un peu jauni, il ne garde que le meilleur, mais il ne peut empêcher de laisser à penser que certaines de ses briques sont cabossées, creuses, abîmées. Les pièces sont grandes et lumineuses. La santé est là, partout dans l’atmosphère, comme un léger parfum, puissant sans être entêtant, présent, partout. Il rassure. La cheminée – le feu est allumé mais doit encore prendre. Il faudra y ajouter quelques buches, l’alimenter. La pièce de l’amour n’est pas encore terminée. Les fenêtres sont posées, la porte est longtemps restée fermée. Maintenant elle a une clé, ouf on peut l’ouvrir. Il serait temps de l’occuper, de l’aérer, de la faire vivre. La pièce des enfants est dans la pénombre. Elle est inhabitée mais pourtant semble pleine de potentiel. La pièce de la création est claire, lumineuse, déjà peinte. Déjà occupée. Ses murs sont recouverts d’une peinture jaune, un peu claire. Un peu de rose aussi. Une peinture à l’éponge, on aura nettoyé les murs de cette peinture, de cette couleur de soleil, de cette couleur chaude. La cuisine est pleine. Les feux brûlent, les plats mitonnent, les amis sont là, parlent, discutent, rient, plaisantent. Ils ont l’air bien, à l’aise, comme à la maison. Je les regarde comme si j’étais une petite souris, ils ne me voient pas, ils sont ensemble, ils sont la chaleur, ils sont bien. Les voir tous attablés et si bien s’entendre me réchauffe le cœur. C’est la maison que je construis.

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Foyer de cheminée, quelque part en Savoie, 2013. © Vanessa Rousselle

Dehors, le jardin est encore en friche, plein de promesses, plein de graines et de pousses jeunes ou moins jeunes, plein d’herbes, bonnes comme mauvaises. Il est vivant, il est vert même si c’est l’hiver, on sent la puissance de sa sève. Comme une enveloppe protectrice, il protège la maison des regards indiscrets et des intempéries, de la pluie, des bourrasques de vent. Il est plein de vie et de vigueur, il est lui aussi plein de promesses. L’hiver va lui permettre de se reposer, de se régénérer, le temps de terminer quelques pièces dans la maison. Il éclorera au printemps. Il explosera. Mais pour le moment, il se repose. Le temps d’ouvrir la pièce amour, de se demander comment aménager la pièce enfants et se dire, oh! j’ai oublié le bureau ! Les fondations sont bien profondes,  bien solides, l’âtre dans la cheminée ne demande qu’à démarrer, les rires, la joie, les voix viennent de la cuisine, l’odeur de santé mêlée de celle des marmites qui mijotent donnent au tout une belle atmosphère. C’est la maison que je construis.

Pour MJ.

Vanessa Rousselle, juin 2014.

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