Starter, élément mécanique sur lequel on appuie et qui enclenche le ronronnement d’un moteur. Le moteur c’est ton coeur, ton âme, ton esprit avec lesquels tu vas dérouler une histoire, ton histoire, mêlée d’intime et d’universel. Le starter c’est « il était une fois », un ailleurs qui se passe ici et maintenant.
Starter. Le moteur est enclenché. Il ronronne, prêt à partir au quart de tour.
Ecrire. Vivre et écrire. Se vider, dévider le fil du récit, une histoire réelle ou inventée. Dire sa joie, son émerveillement, sa colère, sa rancœur, sa noirceur. Écrire. Écrire comme on court un 100 mètres ou un marathon. Écrire. Le moteur s’emballe. La plume court et file sur le papier. Le rythme s’accélère. Passer à la vitesse supérieure. Écrire. Expulser. Vider. Dire les mots à s’en essouffler. Vider, évacuer, se défouler. Écrire, de plus en plus vite. Et puis, d’un coup, la foulée réduit, le pouls diminue, le rythme ralentit. Il faut reprendre son souffle. Rétrograder la vitesse. Mais le corps, l’esprit, le bras, le ventre en demandent plus. Écrire, écrire, écrire. La foulée reprend, de plus belle. De nouveau, passer à la vitesse supérieure. Puis celle d’après. Accélérations. La cadence va de plus en plus vite, écrire, écrire, encore plus vite jusqu’à se faire mal au poignet, à l’épaule, à la main. Se défouler, aller jusqu’au bout, poursuivre la course, se donner à fond, aller plus loin que se que l’on sait faire d’habitude. Cracher, cracher la colère, l’émotion, le lumineux comme le sombre. La joie et les rêves, l’illusion, la désillusion. Dire, exprimer. Écrire, écrire, écrire. Jusqu’à perdre haleine. Jusqu’à ce que de soi même le rythme ralentisse que le corps la main, l’esprit, le ventre soient repus de cette course. Jusqu’à s’arrêter, souffler un grand coup et tout lâcher. Le moteur fumant.
J’écris comme on court.
Fin.
Derviches tourneurs en transe. Danser comme on écrit. Istanbul, 2010. © Vanessa Rousselle
Pour Françoise.
Vanessa Rousselle, mars 2014.