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Chère Madame Duras

Pendant longtemps, je n’ai pas aimé vos écrits, votre style. Je me souviens d’une lecture pénible d’« Un barrage contre le Pacifique », recommandé par une amie. Je dis pénible parce que désagréable. L’histoire, le style, l’immobilisme. La moiteur et le malaise. J’avais une quinzaine d’années, je vous avais alors définitivement classée dans la catégorie des auteurs que je n’aimais pas.

Il m’a fallu, bien des années plus tard, l’amour d’un homme –et son amour pour vous- pour me décider à replonger dans l’un de vos livres. Puisque je l’aimais et qu’il vous aimait, vous étiez forcément aimable. Je ne l’aime plus, il est sorti de ma vie depuis bien longtemps, mais vous, vous y êtes toujours. Ce que je rejetais, aujourd’hui me fascine et m’attire. Votre style, le choix des mots, la construction des phrases me semblent parfois accessibles, à ma portée et, à d’autres moments, relever du génie. J’aime aussi votre façon de dire toute l’ambiguité et la profondeur d’une émotion en peu de mots. Ceux-ci sont souvent placés dans un écrin où il y a peu d’action, la chaleur et la moiteur figeant les personnages, comme une glu qui les obligerait à aller au ralenti et donc forcément à être à l’écoute de leur ressenti. « Un barrage contre le Pacifique », « L’amant », « Le marin de Gibraltar », « La douleur » sont les quelques livres que j’ai lus de votre œuvre. L’émotion ressentie a été suffisamment puissante pour qu’elle m’inspire dans mes écrits. Une construction qui peut sembler déconstruite, une action certainement lente, une atmosphère très présente et un style économe où chaque mot est choisi pour sa puissance et sa capacité, avec quelques autres, à vous faire plonger.

Je n’ai pas la prétention de vouloir vous ressembler. Mais, sans même que j’y pense, vous m’avez profondément marquée et vous m’inspirez. Chaque texte est une quête de cette perfection imparfaite.

Bien à vous,

Vanessa Rousselle, 21 février 2015.

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Stefan Zweig

Stefan Zweig est entré dans ma vie lorsque j’étais jeune adolescente, 15 ans tout au plus. J’entrais dans cette période de la vie où l’on découvre d’autres formes de littérature, où les goûts commencent à s’affirmer, même si l’on se cherche encore.

J’avais définitivement passé le stade de l’enfance et de la bibliothèque rose. J’avais aussi dépassé la crise d’adolescence où l’on ne veut rien lire, où tout est nul, où lire est presque perdre son temps.

J’entrais dans cette nouvelle phase, sorte d’éclosion au monde littéraire.

Zweig avait su m’apprivoiser par le côté court de ses récits. Après une période de rejet littéraire, lire des récits aussi courts me convenait très bien, m’engageait peu. La rencontre s’est faite progressivement, une nouvelle après l’autre, jusqu’au Joueur d’échecs. J’en suis sortie éreintée, essorée, mais ébahie.

 

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