Rue de Carouge

C’est samedi, rue de Carouge. Les magasins sont encore ouverts et les bars se remplissent de leurs habitués. William Spitz sort de son immeuble, au 57 rue de Carouge. Il y vit depuis longtemps, très longtemps. Il a 85 ans et c’est certainement le plus ancien parmi tous les habitants de cet immeuble de style Art-Déco construit dans les années 30. Il tire avec peine la lourde porte en bois dotée d’une barre cuivre doré qui sert de poignée. La rue est ensoleillée, c’est le mois de juin.

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57 rue de Carouge, Genève. Dessin et photo Vanessa Rousselle ©  Poursuivre la lecture

Le dernier voyage

J’aimerai voir les cerisiers en fleurs au Japon. Je les sens, je les vois déjà, mais je n’y suis pas encore. C’est encore loin, pas maintenant. Je verrai le vent souffler, légèrement, doucement, jusqu’à faire frémir les feuillages. Je verrai les pétales si légers, si beaux, si délicats, voleter dans le ciel. Je verrai les arbres se découper sur un ciel bleu. Des fleurs seront tombées sur le sol formant un doux tapis où je marcherai délicatement.

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Tapis d’automne, Genève. © Vanessa Rousselle

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Ouistiti

Un jour d’été, au mois de juillet. Belle journée ensoleillée. Y et A se marient. Une foule bigarrée, bien habillée, s’amasse sur les marches de la mairie. Chacun s’ajuste, se met en rang. Le photographe, patient, attend que tous soient finalement installés, disposés. Il leur demande de se serrer, pour que chacun entre dans le cadre. « Attention, personne ne bouge… OUISTITI ! ». Clic clac, la photo est prise. A l’évocation du mot, chacun a senti venir d’on ne sait où, un rire, une lumière qui les a poussé à sourire. La magie de l’enfance est sortie de l’inconscient pour resurgir dans le présent.

Version 2Singes Gelada, Simiens Mountains, Ethiopie. © Vanessa Rousselle

Vanessa Rousselle, avril 2015.

Texte écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture, Le temps d’écrire.

Anne

Anne s’était dit un jour qu’une vie pouvait aussi bien se résumer en quelques phrases qu’en un millier de pages, depuis elle mît toute son énergie à écrire sa vie plutôt qu’à la vivre jusqu’à ce que…

Jusqu’à ce qu’elle rencontre Joao. C’était un jour du mois de mai, un de ces jours où l’on sent la chaleur poindre, s’affermir, un de ces jours où l’on se dit que l’hiver est derrière et que le meilleur est à venir. Le ciel était clair, l’air un peu frais, mais pas trop. La ville était relativement calme en ce mercredi.

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Paris, bords de Seine, 2015. © Vanessa Rousselle

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Des voyages

Être là, puis de nouveau ailleurs, s’emporter là bas, pour mieux revenir ici.

C’est curieux tout de même cette bougeotte, cette envie ou cette obligation qu’ont les uns et les autres de partir et de revenir, de ne jamais tenir en place. C’est ce qu’était en train de se dire Robert lorsqu’il regardait autour de lui l’incessant va et vient des voyageurs. Ce ballet ininterrompu de départs et d’arrivées, cette musique presque discordante provoquée par toutes ces langues parlées qui se mêlent, la lumière crue des néons et l’architecture futuriste du bâtiment, tout lui semblait faire partie d’un autre monde.

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Tarmac, Carthagena, Colombie. 2013 © Vanessa Rousselle

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A l’ombre du moulin

L’impasse débouchait sur une jolie petite cour fleurie, où quelques amis s’étaient attablés autour d’une bouteille de vin rouge. Il faisait chaud, il faisait bon. C’était un de ces moments agréables où on a la sensation que le temps s’est arrêté, qu’on sait vivre un moment dont se souviendra en se disant qu’on était bien.

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Lisette

« Entre deux maux il faut choisir le moindre » disait Aristote. Lisette venait de lire cette phrase dans un magazine et cela lui avait beaucoup plu. Des maux, Lisette en avait à revendre. Surtout depuis que son mari était mort, deux ans plus tôt. Elle avait dû continuer, seule, à gérer la ferme. Alors à se dire qu’entre deux maux il fallait choisir le moindre, d’un coup Lisette s’était vu diviser ses problèmes par deux. Ça lui convenait parfaitement mais elle était bien en peine de dire lequel serait le moindre de tous. C’était la fin de l’année, Noël approchait. Elle avait connu des moments difficiles et s’en était sortie.

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Selfie, the look © Vanessa Rousselle

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Le contrat

Stan est depuis plusieurs mois à New York. Il aime cette ville, toujours en mouvement, anonyme. Une ville comme New York lui convient tout à fait. Pourtant, Stan s’inquiète. Il était resté sans le faire pendant plusieurs années. A t-il perdu la main ? Saura t-il encore s’y prendre ?

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New York, Skyline depuis Brooklyn Bridge. © Vanessa Rousselle

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Le masque


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L’Ile de Ré, aux Portes, l’impasse du rêve. © Vanessa Rousselle

Il avait l’âge de l’oubli. Il était né il y a très très longtemps. Son visage était pourtant lisse, on y trouvait aucune trace du temps. Ses traits étaient finement sculptés, ses joues légèrement polies, sa bouche épaisse, son front haut. Il semblait que son regard portait sur un point lointain à l’horizon. Son visage impassible laissait transparaître une grande sérénité et une grande sagesse. Il était fait de bois, d’un bois sombre un peu doré. Patiné par le temps, sculpté avec délicatesse et force. Il était né il y a très très longtemps, des mains d’un vieil homme qui l’avait façonné un peu à son image, un peu à l’image de son fils aussi. Il tirait sa force de ces mains, de l’arbre dans lequel il avait été taillé et des siècles qu’il avait traversé. Poursuivre la lecture