Le dernier voyage

J’aimerai voir les cerisiers en fleurs au Japon. Je les sens, je les vois déjà, mais je n’y suis pas encore. C’est encore loin, pas maintenant. Je verrai le vent souffler, légèrement, doucement, jusqu’à faire frémir les feuillages. Je verrai les pétales si légers, si beaux, si délicats, voleter dans le ciel. Je verrai les arbres se découper sur un ciel bleu. Des fleurs seront tombées sur le sol formant un doux tapis où je marcherai délicatement.

vanessa-rousselle-automne

Tapis d’automne, Genève. © Vanessa Rousselle

Poursuivre la lecture

Ouistiti

Un jour d’été, au mois de juillet. Belle journée ensoleillée. Y et A se marient. Une foule bigarrée, bien habillée, s’amasse sur les marches de la mairie. Chacun s’ajuste, se met en rang. Le photographe, patient, attend que tous soient finalement installés, disposés. Il leur demande de se serrer, pour que chacun entre dans le cadre. « Attention, personne ne bouge… OUISTITI ! ». Clic clac, la photo est prise. A l’évocation du mot, chacun a senti venir d’on ne sait où, un rire, une lumière qui les a poussé à sourire. La magie de l’enfance est sortie de l’inconscient pour resurgir dans le présent.

Version 2Singes Gelada, Simiens Mountains, Ethiopie. © Vanessa Rousselle

Vanessa Rousselle, avril 2015.

Texte écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture, Le temps d’écrire.

Réveil

Elle dort, paisiblement. Dans un recoin du lit, entourée d’une couette bien confortable et douce, elle dort. Elle sait qu’elle doit se réveiller, commencer à s’étirer, sortir de son cocon. Encore une minute. Elle savoure le repos, la douceur du tissu sur sa peau, la chaleur qui la baigne. Elle s’imagine se lever, s’étirer, s’extirper. C’en est presque réel. Encore une minute. Il faudrait y aller, sortir de cette brume cotonneuse. Le plaisir d’être en action, de découvrir de nouveaux mondes, de nouveaux espaces, réels comme imaginaires l’extrait petit à petit des limbes dans lesquelles elle se trouve. Son esprit s’éveille, s’étire, elle se lève. Voilà. Il est temps de vivre maintenant.

vanessa-rousselle-sommeil Claire sommeille © Vanessa Rousselle

Vanessa Rousselle, octobre 2014.

Texte écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture, Le temps d’écrire.

Anne

Anne s’était dit un jour qu’une vie pouvait aussi bien se résumer en quelques phrases qu’en un millier de pages, depuis elle mît toute son énergie à écrire sa vie plutôt qu’à la vivre jusqu’à ce que…

Jusqu’à ce qu’elle rencontre Joao. C’était un jour du mois de mai, un de ces jours où l’on sent la chaleur poindre, s’affermir, un de ces jours où l’on se dit que l’hiver est derrière et que le meilleur est à venir. Le ciel était clair, l’air un peu frais, mais pas trop. La ville était relativement calme en ce mercredi.

vanessa-rousselle-paris-seine

Paris, bords de Seine, 2015. © Vanessa Rousselle

Poursuivre la lecture

Des voyages

Être là, puis de nouveau ailleurs, s’emporter là bas, pour mieux revenir ici.

C’est curieux tout de même cette bougeotte, cette envie ou cette obligation qu’ont les uns et les autres de partir et de revenir, de ne jamais tenir en place. C’est ce qu’était en train de se dire Robert lorsqu’il regardait autour de lui l’incessant va et vient des voyageurs. Ce ballet ininterrompu de départs et d’arrivées, cette musique presque discordante provoquée par toutes ces langues parlées qui se mêlent, la lumière crue des néons et l’architecture futuriste du bâtiment, tout lui semblait faire partie d’un autre monde.

vanessa-rousselle-carthagena-colombie

Tarmac, Carthagena, Colombie. 2013 © Vanessa Rousselle

Poursuivre la lecture

A l’ombre du moulin

L’impasse débouchait sur une jolie petite cour fleurie, où quelques amis s’étaient attablés autour d’une bouteille de vin rouge. Il faisait chaud, il faisait bon. C’était un de ces moments agréables où on a la sensation que le temps s’est arrêté, qu’on sait vivre un moment dont se souviendra en se disant qu’on était bien.

Poursuivre la lecture

La corde

vanessa-rousselle-corde-kalkbay-port

Cordages, port de Kalk Bay, Afrique du Sud. © Vanessa Rousselle

J’ai 18 ans, c’est la nuit, je dors. Je suis au bord d’une falaise, je retiens une corde de toutes mes forces. Tout mon être est focalisé sur cette corde et sur le fait que je doive absolument la tenir. Ne rien lâcher. Au bout, un poids. C’est lourd. Je tiens bon. Je sens que c’est important. Ne rien lâcher. Je sens que j’y suis presque, je gagne du terrain, le poids au bout de la corde n’est pas loin de revenir près du bord, encore un effort. Ne rien lâcher. Le temps d’une respiration, une fraction de seconde, une tension un peu moins forte et la corde cède. Le poids n’est plus là, je ressens un grand vide, un profond désarroi, une souffrance, une immense tristesse. Ma grand mère vient de mourir.

Vanessa Rousselle, décembre 2014.

C’est comme ça que je me sens ce matin

Telle cette fumée, d’abord compacte et blanche, qui, chargée de chaleur sort de son conduit de cheminée, véritable cocon protecteur, qui s’échappe et, à la rencontre de l’air, sec, froid et cassant, se dissout, se laisse porter autant par fatigue que par non volonté de lutter contre les vents, se laisse s’élever et aller à la rencontre du monde… C’est comme ça que je me sens ce matin.

vanessa-rousselle-toits-fumees-nyc
Toits et fumées en hiver, New York City, 2014. © Vanessa Rousselle

Vanessa Rousselle, novembre 2014.

Texte écrit dans le cadre de l’atelier d’écriture, Le temps d’écrire.